par Jean Olivier, Ami de la Terre
Le 08 avril 2024, les Amis de la Terre Midi-Pyrénées et Alternative LGV Midi-Pyrénées ont déposé un recours gracieux contre l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale du 09 février dernier qui donnait un feu vert aux Aménagements Ferroviaires au Nord de Toulouse (AFNT). Pourquoi ?
La raison d’être des AFNT
Loin d’être le projet vertueux que ses promoteurs prétendent, ces AFNT ne s’accompagnent ni de haltes ni de cadencements supplémentaires pour les T.E.R. Bien au contraire : ils se traduiraient par une perte de capacité pour les trains du bloc Nord-Est. Celle-ci passerait schématiquement de 2 voies à 1,5 voie disponible aux abords de la gare, réduisant d’autant les possibilités de cadencement aujourd’hui possibles pour les lignes Toulouse Figeac-Aurillac-Clermont-Ferrand, Toulouse- Albi-Carmaux-Rodez et … Toulouse Castres-Mazamet ! Qui plus est, la dégradation des capacités de cadencement pourrait s’étendre à la ligne Toulouse-Narbonne du fait de l’absence d’un « saut de mouton » [1] initialement prévu au Nord de la gare Matabiau pour une meilleure présentation des trains, impactant ainsi la circulation vers le Sud-Est.
Mais alors pourquoi de tels aménagements, a fortiori pour un coût atteignant la modique somme de 1 milliard d’euros (à la charge des contribuables et des usagers) ? La véritable raison d’être de ces AFNT est l’arrivée de la LGV Bordeaux-Toulouse, laquelle accompagnerait la création d’un quartier d’affaires à Toulouse et de l’explosion du prix de l’immobilier et des loyers, qui serait symbolisé par la fameuse Tour Occitanie.
Des rapprochements à faire avec l’A69
Après la mobilisation contre le projet d’autoroute d’A69 Toulouse-Castres, ces AFNT et sa LGV à venir pourraient bien représenter le prochain grand projet inutile et imposé suscitant une forte mobilisation dans la région. Hasard ou pas, il y a un lien direct entre la contestation de l’A69 et la contestation de ces AFNT. Tout comme pour le projet d’autoroute, la recherche d’alternative, notamment par l’amélioration de l’existant, n’a pas été sérieusement étudiée. Pourtant des marges d’amélioration existent : l’ambition pour la fréquentation en 2040 des trois voies existantes reliant Toulouse à Montauban n’est que de 150 à 200 trains par jour, tandis que la même capacité à proximité de Lausanne permettait en 2020 de faire circuler 670 trains par jour.
Comme sur le tracé de l’A69, des alignements de platanes, la biodiversité, la ressource en eau et plus généralement le cadre de vie seraient affectés pour une infrastructure de transports qui serait largement injustifiée et sous-utilisée, véritable injustice sociale et écologique.. Ici comme ailleurs, nous demandons donc l’optimisation de l’existant !
[1] Il s’agit d’un ouvrage (pont, tranchée ou court tunnel) permettant le croisement de deux voies ferrées.