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Pour un LOT singulier, une MÉTHANISATION ADAPTÉE !




LE MÉTHANISEUR DE GRAMAT IMPACTE PLUS DE LA MOITIÉ DU DÉPARTEMENT DU LOT

Par Liliane Reveillac, présidente de l’association Livernon-Autrement

En 2016, secrétaire générale du GADEL (groupement des associations de défense de l’environnement dans le LOT, affiliée FNE), j’ai étudié l’enquête publique du plus gros méthaniseur d’Occitanie à Gramat ( 50 000T d’intrants et 45 000 T de digestat brut liquide épandu sur 4000 ha ) en sol karstique donc très fragile. J’avais été sensibilisée quelques semaines auparavant par l’étude hydrogéologique de l’enquête publique pour la carrière de mon village, qui mettait en évidence la pollution du captage, en particulier par les nitrates et les germes pathogènes.

La méthanisation industrielle mode d’emploi

C’est un processus de dégradation de la matière organique (lisier, fumiers, boues de station d’épuration, 
déchets d’abattoir, etc.) qui produit du méthane, qui donnera soit de la chaleur et de l’électricité ( co-génération), soit du gaz et une boue résiduelle appelée digestat, utilisée comme engrais. Après décantation il se sépare en une part solide de consistance bitumeuse et une part liquide en surface.

Le digestat concentre les pesticides, les biocides, les antibiotiques, les perturbateurs endocriniens, les métaux lourds etc. Il est à l’image de l’agriculture, des élevages industriels et de la santé des populations ayant fourni la ressource en déchets.

C’est ainsi que l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) préconise une unité de méthanisation pour 10 exploitations agricoles afin de limiter l’impact de l’épandage du digestat sur l’eau potable sauf en milieu karstique.

À Gramat, une grande quantité de déchets collectés et un épandage sur les terres arables du Causse, qui sont peu étendues.

Il s’agit d’un méthaniseur géant, en activités depuis 2017, qui traite les déchets organiques de stations d’épurations agro-alimentaires, abattoirs et d’exploitations agricoles provenant de plusieurs départements alentour (soit un territoire de 45 000 km2). En revanche, l’épandage du digestat est concentré sur seulement 45 km2 de terres dans un rayon de 40 km autour de Gramat.

Cette hyper concentration est la conséquence directe du dimensionnement du méthaniseur de la société BIOQUERCY dont l’unité de production est agréée jusqu’à 64 000T /an de déchets qui génèrent 45 000T de résidus finaux qui TOUS sont épandus sur seulement 72 exploitations agricoles situées sur 70 communes.

Les risques écologiques et sanitaires

Le Causse de Gramat est très fracturé et fissuré. Les sols sont peu épais (15cm) et ne sont pas épurateurs, en particulier des liquides qui vont directement dans les eaux souterraines alimentant en eau potable le Lot. Alors que sur des sols épais et filtrant, l’eau peut mettre quinze ans pour arriver à la source, sur le causse elle met 2 h !
C’est pourquoi nous nous opposons à l’épandage d’un digestat liquide, inadapté au sol du causse.

Les études hydrogéologiques alimentant les captages des 72 communes n’ont pas été prises en compte par la société Bioquercy et aucun garde-fou n’a été mis en place pour surveiller et évaluer les risques de contamination des eaux souterraines.

Des atteintes conséquentes à la biodiversité : après l’épandage, des abeilles ont été asphyxiées par le gaz ammoniac ou engluées dans le digestat « bitumeux » comme les vers de terre n’ayant pu y échapper non plus. D’où la chute de la microbiologie des sols, et leur appauvrissement.

Les nuisances pour les riverains

Le digestat n’est pas inodore comme en attestent les épandages. Les nuisances d’odeurs persistent pour les riverains de l’usine et des sites de stockage. Ils ne peuvent pas vivre en extérieur aux beaux jours, ni laisser de linge sécher dehors par exemple. Ce problème n’est toujours pas résolu ! Le sera-t-il tant que le digestat reste aussi peu de temps dans le digesteur ?

Un collectif citoyen du Lot

Face à ce méthaniseur surdimensionné, nous sommes mobilisés pour demander plus de garanties quant à la qualité de notre eau potable et aussi discuter de la pertinence d’une telle unité sur notre territoire.

Les associations et collectifs pour une MÉTHANISATION ADAPTÉE continueront à dénoncer le type de méthanisation qui nous est imposée même si le rapport des ingénieurs généraux du MEDDE, demandé par le préfet pour valider le digestat brut liquide, n’ont pas relevé de « risques significatifs ».

Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.

Nous savons qu’ils ont été :
• MAL évalués comme la contamination de l’eau potable en milieu karstique,
• ou NON évalués quant aux émissions atmosphériques des moteurs de cogénération et bio-filtres, exposant les riverains et personnels de la Quercynoise à des émissions de produits toxiques, cancérigènes et mutagènes. Quant aux sols, qu’ils soient karstiques (80%) ou hydromorphes (20%), nos observations, confirmées par les analyses du laboratoire Bourguignon, nous font craindre un appauvrissement rapide. Aussi, attendons-nous avec impatience, l’étude nationale de l’INRA (prévue pour 2020-2023) sur « les effets des digestats sur les sols ».

POUR une méthanisation adaptée au sol de notre territoire

Nous réfutons fermement l’argument que « nos actions porteraient discrédit sur l’ensemble de la filière Méthanisation en Occitanie et en France » car nous NE sommes PAS opposés au principe de la Méthanisation, si elle est adaptée aux sols et à l’eau du territoire.
Pour le méthaniseur de Gramat, ce sont le procédé utilisé et l’épandage de digestat LIQUIDE en milieux fragiles (karst et hydromorphie du LOT) qui sont contestés. Pour preuve, les 4 méthaniseurs d’ANDROS à Saint-Céré qui traitent 940 000 tonnes de déchets pour donner 1440 tonnes de digestat SOLIDE, épandu sur 385 hectares, ne font l’objet d’aucune contestation. Avec le même procédé, le méthaniseur de Gramat n’épandrait que 92 tonnes de digestat solide.
Nous revendiquons d’être des lanceurs d’alerte, dont le but principal est d’informer les citoyennes et citoyens des risques importants qu’ils encourent à travers l’eau potable, l’air qu’ils respirent, les sols détruits. Le LOT ne doit pas être « la poubelle »de l’Occitanie sous prétexte que ce département est peu peuplé (33 hab /Km2).
Nous voulons que l’article 1 de la Charte de l’environnement s’applique dans notre département : Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé


Publié le mercredi 25 mars 2020.